Elle dit "Tant qu'on peut s'occuper du ménage Faire les courses et puis aller, de temps en temps Prendre un café avec des amies de son âge Il ne faut pas se plaindre à 80 printemps" Tout est propre chez elle et la maison repose Pleine d'objets glanés tout au long d'une vie Auprès du lit trop grand, dans un cadre en bois rose Elle a mis la photo d'un homme qui sourit L'heure murmure, le jour s'en va La tendresse reste là Elle devient bavarde comme un jeune fille Lorsque je vais la voir, trop rarement c'est vrai En passant en revue le quartier, la famille Elle trouve les gens, ma foi, bien compliqués À pas menus, elle va parfois chez la coiffeuse Ou s'achète une robe quand fleurit le lilas Comme pour s'excuser elle soupire, rêveuse "Il faut rester jolie, même s'il n'est plus là" L'heure murmure, le jour s'en va La tendresse reste là Elle reçoit souvent des veuves, des voisines Parce qu'elle sait les mots qui consolent un peu Et dispose au salon sur une nappe fine Les tasses du dimanche en porcelaine bleue Elle est tout à la fois si fragile et si forte Que je voudrais encore la serrer dans mes bras Avant qu'un souffle chaud tout doucement l'emporte Vers l'homme qu'elle aimait et qui l'attend là-bas L'heure murmure, le jour s'en va La tendresse reste là L'heure murmure, le jour s'en va La tendresse reste là