Les nouveaux pauvres on les appelle Souvent "nouveau" ça veut dire mieux Mais quand y a rien dans la gamelle Tu t' fous bien du neuf ou du vieux C'est des gens qui se lèvent tôt Qui triment dur et rentrent tard Aube glacée petits boulots Et trains bondés des banlieusards Balais poubelles pelles machines Ils sont laveurs gardiens caissières Travaillent besognent s'échinent Pour gagner moins que leur misère Ça mange même' pas à sa faim C'est du précaire au quotidien Ça courbe le dos ça dit rien Les nouveaux pauvres ça vivote Dans d' l'exigu dans de l'ancien Lavabo ampoule pâlotte Lino usé vieux papier peint Ça ne peut recevoir personne Y a qu'une table et qu'un lit boiteux Et un carreau cassé qui donne Sur un' cour au ciel jamais bleu Y en a qui dorment dans des bagnoles Roulés dans un manteau râpé C'est toute leur vie qu'on leur vole Et la pluie mouille les pavés C'est que solitude et que froid Tous les jours c'est la fin du mois C'est juste à deux pas de chez toi Les nouveaux pauvres faudrait s' souvenir Qu' ça a un nom et un prénom Même' quand ils passent sans rien dire Même si c'est tout ce qu'ils ont Et si furtifs on peut les voir Glaner à la fin des marchés Ce qui reste sur nos trottoirs Puis disparaître à pas pressés Ç' a c't ambition de rester digne Parc' qu'autrefois c'est pas si vieux Avant la poisse avant la guigne On a été quelqu'un Monsieur Alors entre brouillard et peine Ça se débrouille ça se démène On dit c'est la faute à pas d' veine Les nouveaux pauvres c'est la honte Mais pas pour eux mais pas pour eux Dans nos pays sombre décompte Les v'là de plus en plus nombreux Et c'est nos sœurs et c'est nos frères Triste armée de déguenillés Le monde retourne en arrière Et nous plutôt que de hurler On rouvre les restos du cœur On donne pour la bonne cause On met un emplâtre sur l'horreur Et puis on passe à autre chose Sans vouloir peindre tout en noir Certains matins dans mon miroir C' que j' vois n'est pas très beau à voir