Ma chienne vivait peinarde en somme Jusqu'au jour où elle m'a choisi À la Société Protectrice des Hommes Au fond d'un immeuble moisi Mes yeux imploraient en silence: " S'il te plaît, ne me laisse pas J'aurai pour toi mille patiences Et je te suivrai pas à pas Et je te suivrai pas à pas. " Ma chienne m'emmène à la rivière Courir derrière des bouts de bois J'en ai rapporté trois, hier Je crois qu'elle était fière de moi Et on s'est roulé sur la mousse Ma truffe contre son nez froid Mes pattes sur ses cuisses douces Je ne suis qu'un enfant, j'ai froid Je ne suis qu'un enfant, j'ai froid. Ma chienne, patiemment, me dresse Sans jamais élever la voix À coups de langue et de caresses Depuis, je mords bien moins, je crois Et quand je gronde de colère Tout au fond de ses yeux, je vois Que les fouets et les muselières Ne sont pas pour elle mais pour moi Ne sont pas pour elle mais pour moi. Ma chienne, ô ma tendre maîtresse Viens, raconte-moi ton histoire Dis-moi vite, car le temps presse À quoi tu penses dans le noir Depuis des siècles que nous sommes Dans la même galère, toi et moi Dis-moi pourquoi un petit d'homme Ça vaut bien moins qu'un chien, parfois Ça vaut bien moins qu'un chien, parfois.