Sur la route poudreuse et blanche Où nos drapeaux ne passent plus, Un vieillard va chaque dimanche Rêver seul au pays perdu. Parfois de sa lèvre pâlie Monte une plainte vers les cieux, C'est le regret des jours joyeux Et c'est l'histoire de sa vie. Ils ont brisé mon violon Parce que j'ai l'âme française Et que sans peur, aux échos du vallon, J'ai fait chanter la marseillaise. J'ai voulu savoir cette histoire, Il me l'a contée en pleurant. Gardez la dans votre mémoire, C'est celle d'un cœur simple et grand. Un soir, me dit-il, sous l'échelle, Je faisais danser les enfants. Quand les ennemis triomphants Jetèrent l'effroi dans nos plaines. Ils ont brisé mon violon Parce que j'ai l'âme française Et que sans peur, aux échos du vallon, J'ai fait chanter la marseillaise. Tous s'enfuyaient devant leurs armes Rouges hélas de sang français. Fou de douleur, cachant mes larmes, Tout seul vers eux je m'avançais. Qui donc es tu, toi qui nous brave, Firent ils en me renversant. Je suis, dis-je en me redressant, L'ennemi des peuples esclaves. Ils ont brisé mon violon Parce que j'ai l'âme française Et que sans peur, aux échos du vallon, J'ai fait chanter la marseillaise. Tu railles Paname et bien joue Les hymnes chères à notre roi. Alors leur main souilla ma joue Mais la France vivait en moi. Je jouais de Rouget de Lisle, La tant et sublime chanson. Ils brisèrent mon violon En voyant leur rage inutile. Ils ont brisé mon violon Parce que j'ai l'âme française Et que sans peur, aux échos du vallon, J'ai fait chanter la marseillaise.