Je récupère des boîtes de différentes couleurs Sur un tapis roulant, elles arrivent par centaines J'vérifie qu'elles s'emboîtent et suivant le grandeur J'pose un autocollant, quelqu'un d'autre les emmène Si j'remarque un défaut, si j'observe une erreur Je dois les mettre à part, les jeter dans une bène Pour la cadence, il faut qu'j'en fasse 400 de l'heure Une vitre me sépare des chefs qui se promènent Et c'est les années d'usine qui s'enchaînent C'est le bruit des machines Le travail à la chaîne Et c'est les années d'usine qui s'enchaînent Sauf si c'est de l'intérim Je finis dans deux semaines Dans un endroit immense, je transporte des cartons Sur un petit train bizarre qui ressemble à un tracteur Pas dans n'importe quel sens ça a de l'importance, j'les pose sur des wagons Et quand je redémarre, j'accélère en douceur Je donne des coups d'marteau, sur des plaques de métal Qu'arrivent à ma hauteur par des rails au plafond L'acier est encore chaud, mes gents me font mal L'odeur plus la chaleur, font qu'on peut pas dire que j'me la donne à fond Et c'est les années d'usine qui s'enchaînent C'est le bruit des machines Le travail à la chaîne Et c'est les années d'usine qui s'enchaînent Sauf si c'est de l'intérim Je finis dans deux semaines J'ai dit au revoir aux ouvriers J'ai dit au revoir aux ouvriers Au réfectoire, aux cantinières et aux passeoirs du cuisiner J'ai dit au revoir aux pauses café Et aux histoires, fumer comme des pompiers J'ai dit au revoir aux délégués Aux représentants du personnel A des gars croisés dans l'couloir sans savoir comment ils s'appellent J'ai dit au revoir aux escaliers Aux armoires et à mon casier, pas voulu voir le contremaître J'lui ai chouré son chronomètre J'ai dit au revoir à la petite cour Ou je déposais mon vélo Avec l'espoir, peut-être, qu'un jour Les robots nous piquent notre boulot