Quand on marche sur les eaux, en sortant d'un église Pour si peu qu'on soit barbu, on se prend pour Jésus, On oublie qu'on se trouve à Venise Mon amour, c'est là que je t'ai vue Sous un soleil humide Qui jouant de l'aquarelle T'a faite encor plus belle Renversée dans ton reflet liquide Cloches en pagaille en corolle Et des paraboles de pigeons qui s'envolent Sur les saints gonflés des cathédrales Tourbillon de plumes en auréoles Sur les bulles des coupoles De façade en campanille Qui s'abbattent en rafales Sur les dalles, sur nos art Et les gondolent Viens mon amour, il faut se dépêcher Viens mon amour, le temps nous est compté Il faut s'aimer avant le grand naufrage, Avant que Venise ne soit qu'un souvenir qui nage Oui c'est la fête à bord C'est la poudre aux yeux Et ce masque d'or Cache aux amoureux Le visage obsène de la mort J'ai vu des anges de pierre S'envoler tomber par terre En morceaux en poussière Disparaître au fond de l'eau Des cannaux encombrés De chats morts et poupées De choux-fleurs et de bouteille De c'qu'on a bouffé la veille et rejeté Puis les palais crevés, Les palais qui prient, qu'on leur sauve la vie pour quelques années Viens mon amour, il faut se dépêcher Viens mon amour, le temps nous est compté Il faut s'aimer avant le grand naufrage, Avant que Venise ne soit qu'un souvenir qui nage Et pourtant, elle est encor si belle Aux piège de ses ondes Ce radeau de marbres blanc Sans arbres et sans enfant Profètise l'avenir du monde Tombent les t^tes de pierre Frappent les marteaux sur les bronze en colère Les chevaux se cabrent sur les toits, Les façades volent en éclats Sur la mère qui passe à l'abordage Les touristes achèvent le ravage C'est déjà le temps des coquillage, c'est déjà la fin du monde Viens mon amour, il faut se dépêcher Viens mon amour, le temps nous est compté Il faut s'aimer avant le grand naufrage, Avant que Venise ne soit qu'un souvenir qui nage... La comedia è finita