Quand l'aube approche Les vieilles poches Se couchent dans leurs draps qui collent Jusqu'à l'heure des sorties d'école Puis, au réveil, elles vomissent Leurs cauchemars à l'anis Boivent un fond de café bouillu Café foutu Les poches n'ont rien d'autre à faire Que de noyer dans l'anisette Les souvenirs sous la poussière Qu'elles cachent dans leur pauvre tête Elles n'ont plus un seul ami Plus d'ennemis et plus d'envies Alors elles claquent leurs pensions Dans la potion Les poches Les poches Le long des rues de leur quartier Tenant à peine sur leurs cannes Elles enrichissent bistrotiers Et autres marchands de tisane Qui les traitant de sacs à vin De loques humaines et de vauriens Sont malgré tout, tout bien contents D'empocher tout leur sale argent De poche C'est moche De temps en temps, elles sourient Laissant voir leurs gencives rouges Le reste de leurs dents jaunies Par cent ans de vie dans les bouges Cent ans de vie en solitaire Et de fumée de tabac brun Cent ans d'ennui et de misère À des comptoirs sans lendemain Les poches Les poches Et puis un jour ne les voyant plus En demandant de leurs nouvelles On apprend qu'on n'les verra plus Qu'en douce, elles se sont fait la belle Traîner leurs guêtres dans le ciel Au grand comptoir universel Pourvu qu'les canons soient gratuits Au paradis Des poches Des cloches