La tête, perdue dans la terre rouge sanguine Qui réchauffe mes artères et puis mes veines solides Et comme une poudre rédemptrice Recouvre mes plaies ouvertes de ma longue nuit La pitié n'est pas de mise, lorsque ma route se perd Sur une de celles déjà conquises Là où certains ont préféré la vie en famille La solitude m'a cueilli et je n'peux en sortir Issu des quartiers chics, mon assiette tous les matins S'était remplie, durant la nuit Je mangeais en table haute, en petits services Parfois même quand le soleil se faisait trop agressif En pleine digestion, durant la saison des pluies Je me réfugiais devant la grande hélice La vie était facile à l'arrière du grand portique Mais le déclin et puis la crise de ce pays magnifique M'ouvrirent les portes de ses rues Et de leurs pavés maléfiques Il fallut apprendre à n'pas trembler du regard Et parfois le baisser car le surnombre est indomptable Finies les douces nuits emballé dans le satin Le sol est dur dehors et le soleil sonne le matin Esperro L'appétit se fait rude lui aussi Lorsque de sa triste voix fait résonner le vide Comblé par les restes au goût de poubelle Ou bien tard dans la nuit Quand finit le samedi Lorsque les yeux par les plats ébahis Surestiment un peu leur bouche infime Cette ville n'est pas des plus belles Les bus aux sièges allongés ne s'y arrêtent Alors lorsqu'une rare tête blonde s'aventure dans nos ruelles J'enfile mes yeux gros comme des ballons Ceux qui s'envolent droit au plus profond Des cœurs fragiles, et doux comme le miel Qui portent la misère du monde En croix dans leurs veines Parfois ils se noient au plus profond de ma peine Et d'une main tendre, font frissonner mes oreilles Alors j'insiste et puis espère Qu'ils m'envoleront loin Trouver les terres d'Éden Esperro Quand le soleil se noie Sur la terre rouge sanguine Que dansent les silhouettes noires Sur les trottoirs lugubres Se perdent dans les étoiles Les rêves infinis Et s'estompent chaque fois Dans la naissante brume Redevenu sauvage, parce qu'il n'y avait pas le choix Courir plus vite encore Lorsqu'il n'y a plus de lois Voir dans les yeux, les peurs et les failles Dormir un peu caché Pour qu'ils ne puissent me voir Je n'en veux pas à mère Mais qu'est-ce qu'elle était belle Au reflet du soleil Dans sa robe arc-en-ciel Rien ne me manquera autant Que le sourire sur ses lèvres Lorsque le matin Elle me sortait de mes rêves Esperro Quand le soleil se noie Sur la terre rouge sanguine Que dansent les silhouettes noires Sur les trottoirs lugubres Se perdent dans les étoiles Les rêves infinis Et s'estompent chaque fois Dans la naissante brume