Nos cahiers oubliés, sous nos attrape-rêves remplis de la nuit passée Faut dire que nos rêves on nous les brise vite en copie du dictionnaire Quand nos yeux se perdent Dans le vide Ce jour-là nous courons de nos jambes qui n'dépassent à peine Des hautes herbes brûlantes de ce champ infini Nous courons si vite, la peur aux lèvres, poursuivis par sa haine Mais qui n'en rien n'essoufflent nos éclats de rire Ce jour-là nous fuyons jusqu'à c'que ses cris s'apaisent Et que l'écho de son puissant silence les oublient Alors nous nous laissons tomber le nez au ciel Et nous laissons s'envoler nos rires bruyants Dans le vide Ce jour-là nous perdîmes notre balle de cuir C'était pas sa première vitre mais c'était ton dernier tir Et le deuil est rapide, l'insouciance l'oublie Nous qui ne trouvions de sens que dans l'innocente folie Et du coureur nous voilà singe souffleur de pissenlit Y'a pas de limite dans ce monde ça c'est ce qu'on nous a dit Et se pendre à des lianes c'est marrant mais les fumer serait pire Je serais Philippe tu serais Maurice étouffant de nos cendres Jetées Dans le vide Ce jour-là nous courons, cavalant sur l'asphalte Bousculant les passants automates et leurs sourires absents Esquivant les regards dérangés par notre allure de pirates Comme deux pixels bleus, perdus dans un vieux noir et blanc Et voilà qu'un caillou mal placé me fait passer à la trappe Me propulse au sol et déchire mon jean délavé Et pas de secondes pour la souffrance quand le temps nous rattrape De peur que tu n'm'attendes, et me laisses tomber à jamais Dans le vide Et voilà que le vent nous amène, bien plus haut où l'on entend à peine Le bruit des aiguilles, des heures, qui se perdent hors d'haleine Étouffant de nos rythmes effrénés les laissant à la traîne Elles qui n'étaient qu'ornements, nos pas les ont proclamées reines Et nous dans tout ça en manque de couronne nous sommes dits rois des airs sur ce pont suspendu, Funambules balançants de ne voir net le sol à œil nu Se penchant dessus bord, frissonnant le regard apeuré Cherchant en fond de poumon, un glaire immense et le cracher Dans le vide Ce jour-là nous courons, et d'un regard nous promettons Que le jour où l'on s'arrêtera de courir Nous viendrons sur ce pont Que lors d'un dernier sourire ensemble nous compterons Jusqu'à ce que nos doigts expirent, alors nous nous envolerons Et bien des années plus tard nous revoici sur ce pont Cette fois-ci, le sol n'est visible qu'à travers les nouveaux maillons De cordes d'acier tendues entre songes et terre en barreaux de prison Nous nous rêvions libres nous voilà même interdits de s'élancer Dans le vide