Ma chambre donnait sur le levant, la tienne à l'Ouest Si bien que nos tempéraments s'opposaient presque Devant nous, où qu'on regarde, y'a la cambrousse Entre c'qui meugle, ce qui s'canarde et tout c'qui pousse Enfants des champs Bouches que maquillent les mûres sauvages Les insectes s'éparpillent à notre passage Nous rentrons, en danseuse, à la maison Car t'as joué ronfleuse dans les rayons Enfants des champs Des ruisseaux paresseux Nous courions comme eux Nous sentions la cendre de septembre à juin Et, le reste du temps, le foin Enfants des champs C'est vrai, c'est beau, tous ces mouvements Tout c'qui grouille, tout c'qui est chaud, tout c'qui est vivant Parfois contre une vitre, paf, un oiseau meurt On voit la vie qui le quitte, et ça fait peur Enfants des champs Des ruisseaux paresseux Nous courions comme eux Nous sentions la cendre de septembre à juin Et, le reste du temps, le foin On écartait le lierre, aplatissait les ronces Allongés en quinconce, au bord de la rivière Entends-tu la rivière, toi? Et entends-tu ton frère, là? Entends-tu mes coups d'pied, ta porte que je défonce? Allongés en quinconce, on attend les pompiers Entends-tu la rivière, toi? Et entends-tu ton frère Te dire les mots d'avant Ceux des enfants des champs? Enfants des champs Des ruisseaux paresseux Nous courions comme eux Nous sentions la cendre de septembre à juin Et, le reste du temps, le foin