J'ai fait du feu, et de mon mieux, D'une maladroite écriture de gaucher J'ai fait des fautes, et pas qu'un peu Comme pour le reste, peut mieux faire en dictée Je repose le stylo, la lettre est terminée Je la poste aussitôt dans la cheminée Elle s'envole, s'élève, part en fumée Pour que tu la recoives ça me semblait tout indiqué On m'a dit que t'étais là-haut J'ai mal à le croire ce serait trop beau Pourtant j'avoue que parfois d'ici-bas Je lève les yeux aux cieux, je regarde vers toi Je regarde vers toi Sinon nous, ça va On pense toujours à toi De moins en moins souvent On t'oublie légèrement C'est le temps qui veut ça, Un chagrin s'en va Chassé par un autre Pas plus triste, plus récent On ne pleure plus un jour On a séché ses larmes Comme on séchait les cours Puis du coq à l'âne Voici que l'année dernière devient y a dix ans Ce qui t'oublie on les oubliera dans pas longtemps On m'a dit que tu étais là-haut J'ai mal à le croire ce serait trop beau Pourtant j'avoue que parfois d'ici-bas Je lève les yeux aux cieux, je regarde vers toi Je ne vois qu'un plafond Et une ampoule sale Rien à l'horizon Sauf la nuit qui s'installe J'entends le silence Et le vide triompher Par acquis de conscience J'ai prié Dieu d'exister Je me suis fait une entorse J'ai acheté une guitare Il y a eu des divorces, des baptêmes, des cauchemars Des manifs, du chômage Des soirées de Noël Des bagarres, des orages Et des mirabelles On m'a dit que tu étais là-haut J'ai mal à le croire ce serait trop beau Pourtant j'avoue que parfois d'ici-bas Je lève les yeux aux cieux, je regarde vers toi Je regarde vers toi