Il avait une âme de poète Mais un langage de charretier Son énorme coeur d'esthète Était souvent troublé Il s'extasiait des heures Subjugué par Dame Nature S'enivrant de ses splendeurs Avant de souffler dans un murmure "Ça m'trou l'fion, bordel à cul, putain de merde, c'est beau" Ses goûts fins et raffinés Soignés, si délicats Et sa façon de les exprimer Ne correspondaient pas Succombant au charme De Bach ou dе Schubert Susurrait entre dеux larmes Et dans une émotion sincère "Ça m'trou l'fion, bordel à cul, putain de merde, c'est beau" Levant les yeux de son livre Ému par sa lecture Frappé, voyant au Louvre Les antiques sculptures Saisissant, l'oeil humide Les courbes d'une femme aimée Il pouvait lancer, languide Mais sans arrière-pensées "Ça m'trou l'fion, bordel à cul, putain de merde, c'est beau" Ce n'est pas au vocabulaire Que l'on s'aperçoit Si quelqu'un est vulgaire Ou s'il ne l'est pas On connaît des gens très classes Distingués, bien comme il faut Qui disent des trucs dégueulasses Sans employer de gros mots