Depuis qu'pour moi le temps ne sait plus s'écouler Et qu'il me fait exprès des mois comme des années J'attends une heure précise, la même tous les jours Celle des cris qui s'enlisent et lancent des cailloux Les murs ont tout à coup, des lèvres immobiles Et leurs baisers grésillent, on dirait des mots doux Mais sans un brin d'azur, je n'comprends rien aux rimes Au creux des commissures, les mots sont anonymes À cette heure curieuse, parfois, pourtant, je rêve J'profite des mots en pleurs, qui montent et puis qui crèvent Ça monte et ça raccole, y'a pas de chef de corps Pourtant même les pierres s'mettent à faire des prières Dans la cacophonie des serments échangés Les murmures se crient et j'les garde en secret Pour après, pour que dure, ce que j'en imagine Au creu de mes blessures, les mots sont synonymes Quand les pierres susurrent, j'vous jure, j'vois des lueurs Et même si c'est les murs qui me parlent d'ailleurs Moi je change de décor, j'me fais même un pays Où des nuits colorées maquilleraient mes regrets Quand les baisers grésillent, j'oublie le bruit des grilles J'écoute la rumeur, déclamée ses amours Les lettres des hurleurs, mon coeur les passe au crible Et j'oublie que mes murs ont des yeux invisibles