Les accords de l'accordéon désaccordé du beau Léon S'accordent au diapason du tourbillon des corps et des coeurs amoureux Et le cordon langoureux de leur nostalgie Relie mon vague-à-l'âme au charme disparu des rues du vieux Paris Où sont tous les camelots, les princes de la gouaille Les grands bonimenteurs, les champions du bagout Les tarzans la houppette, brillantinés de frais Qu'accrochaient leurs bijoux de pacotille au cou des midinettes en bigoudis Et tous les ouistitis des joueurs de Barbarie qui tiraient sur les chaînes Jongleurs et funambules qui volaient dans les plumes des chanteuses à rengaines Fréhel et la Damia, charmeuses de cobras Qui vous saignaient le coeur avec les trémolos du malheur dans la voix Les accords de l'accordéon désaccordé du beau Léon Me collent à fleur de peau des nappes de frissons, des vagues de langueur Et le cordon langoureux de leur mélancolie Marie mon vague-à-l'âme à celui de Paname qu'on aime et qu'on oublie Envolés les bougnats café-bois-et-charbon Les flambeurs de java soignant leurs peines de coeur au Martini-Picon Les sifflets des poulbots qui fusaient de la place, quand les filles à marlou Valsaient la chaloupée l'été à la terrasse des caboulots Où sont passés les fous rires et tous les mots doux des amants de la Seine Qu'étrennaient leur bonheur des quais de l'Isle Saint-Louis à Notre-Dame en fleurs Dans quels nids haut-perchés du paradis des photographes se cachent les petits moineaux Du Paris de Doisneau chantés par la môme Piaf Les accords de l'accordéon désaccordé du beau Léon Me filent à fleur de peau des nappes de langueur, des vagues de frissons Et dans ce vieux décor illuminé par les tubes au néon Je noie mon mal d'amour dans les bras du Paname encerclé par les tours Qu'est-ce qu'y t'ont pas fait, mon Paris, ma canaille, tous ces démolisseurs Qu'ont un pavé dans le coeur et des semelles en béton Par où s'est envolé l'esprit des ritournelles s'évadant des ruelles Et du pavé des cours sous l'aile des hirondelles du faubourg T'as l'air d'un nouveau riche qu'a honte de son passé et qui jette la photo Déchirée de son âme par dessus les périph's Je t'abandonne aux touristes, aux branleurs de Tour Eiffel Et je retourne en banlieue demander au bon dieu de faire la courte échelle Aux pianistes à bretelle souriant aux étoiles Que la boule de cristal renvoie du haut du ciel Sur les petits amoureux qui tournent autour des bals