Laissez-moi loin des causes perdues, des compteurs qui s'affolent On apprend à écraser notre prochain dès l'école On observe nos petits comme des bêtes en cage Dans le doute on se méfie, ils ont peut-être la rage Laissez-moi dans l'état où vous m'avez trouvé Laissez-moi me vautrer dans la gadoue, laissez, laissez Comme un porc dans sa bauge ignorant des couteaux Laissez-moi quelques secondes savourer l'image de mes os Bouillant dans une marmite pour un festin de choix Ceux qui aimaient ma musique auraient enfin un bout de moi Je n'entendrai plus dire qu'elle était sympa Ne parlez-pas de ma maîtresse, elle mérite mieux que ça Épargnez-moi vos quelques larmes sur les drames de la solitude Pour savoir qu'on finit toujours seul, pas besoin d'étude Laissez-moi jouer sur le piano de quelque vieille grand-mère Pas sûr que ça lui tiendra chaud quand elle sera six pieds sous terre Et gardez-moi vos enfants tristes, vos petits crève-la-faim Qui n'en finissent pas de mourir depuis trente ans au moins Je n'arrive plus à m'indigner le cul dans un fauteuil À porter devant ma télé un brassard en signe de deuil Laissez-moi dans l'état où vous m'avez trouvé Que je ne sois ni repris, ni échangé ♪ Laissez-moi dans l'état où vous m'avez trouvé Merci à ceux qui savaient d'avoir voulu m'expliquer Mais j'étais d'un autre temps, vous aviez d'autres mœurs Moi ce que j'aime vraiment, c'est la musique des ascenseurs Pour l'échafaud mais oui, celle qui donne envie de vous pendre Laissez-moi vous serrer la corde, puis laissez-moi descendre J'avais si peu à dire qu'il fallait que je le chante J'ai connu mieux que de grandir dans les années nonantes Moi j'ai poussé sans trop de casse en évitant les gouttes Et depuis j'exhibe ma carcasse le long des routes D'un pays pour lequel au mieux je ne ressens plus rien Ils ont un avis sur tout, eux, ils n'auront pas le mien Et bien que Dieu les ait mis là, j'y suis, j'y reste Désormais nul ne me verra chevaucher toujours plus à l'ouest Je voyage sur des mers d'absinthe, te souviens-tu ma sœur Que demain était plus beau, il était bien plus beau qu'ailleurs Et d'ailleurs demain rangez-moi dans un carton sur une pile Inscrivez dessus haut et bas, et sur mes pieds d'argile À l'encre bleu roi à la bombe j'aimerais que l'on ajoute "Les colosses se brisent quand ils tombent, prière de prendre soin d'Helmut" Comme ils n'auront jamais été que mort et combat Angoisse et cruauté, ce que je n'explique pas C'est la joie qui parfois surgit et qui toujours m'enivre La joie du simple fait de vivre La joie du simple fait de vivre La joie du simple fait de vivre ♪ La joie!