Les beaux parleurs se sont tus, Endormis sur leurs lauriers. A peine chialé une couple d'années, Le temps d'emplir leur grenier de blé. Mais où sont donc ces beaux chanteurs Qui réclamaient la liberté? Dans le temps je pouvais juste chanter, J'avais pas l'âge d'aller voter. Me voilà devenu universitaire, J'ai un logis rue St-Denis. Pour ça j'ai quitté la terre Où mon grand-père avait grandi. J'y ai vu mes oncles en 80 Scander bien haut qu'on pouvait bien Dire oui, devenir indépendant, Se tenir debout, faire face au vent. Ils se sont essoufflés pour rien, C'est pas tout le monde qui semblait prêt. A se cracher dans les mains, Laver l'injure qui souillait... Il va falloir se prendre en main, Se lever de bonne heure demain matin Ah! C'est ben beau de gagner son pain, Mais arrive un temps Où faut aller un peu plus loin. On a assez mis d'eau Dans notre vin... Quessé que t'en penses, Toé qui ne dit jamais rien... Et puis j'ai vu porter en terre Deux de ceux qu'on nomme grands, Des laboureurs de notre pays vert, Des grands "six pieds" dans le coeur des gens Les deux grand pères ont dételé. J'imagine qu'ils se sont pas retournés, Ils avaient bien assez semé Pour le peu qu'ils ont récolté... On a un pays à se donner, Me semble qu'on la ben mérité. Ah! C'est ben beau le grand Canada, Mais c'est icitte Que mes ancêtres ont débarqué. Ça fait assez longtemps Que chu à loyer... hey, hey. Je m'en vas chercher Les clefs de mon pays... De l'autre côté de l'Outaouais Y'a de braves gens, de bons Anglais Qui se sont resté un peu bornés, Qui continuent de nous rabrouer. Mais depuis quelque temps je sens dans l'air La volonté de ceux qui sont fiers De leurs racines et de leur langue, Qui vont se lever pour se défendre! On a un pays à se donner, Me semble qu'on la ben mérité. Ah! C'est ben beau le grand Canada, Mais c'est icitte Que mes ancêtres ont débarqué. Ça fait assez longtemps Que chu à loyer... hey, hey. Je m'en vas chercher Les clefs de mon pays...