(Sur l'air du Métèque de Georges Moustaki) Jugeant qu'la plupart des Français Étaient moins fiers d'être Français Qu'ils l'avaient été sous Pétain Et que le drapeau tricolore Flottait un peu comme un rat mort Dans l'eau croupie d'un vieux bassin Un brave élu à la main moite Qui avait passé l'arme à droite Et qui fouettait de la trombine Nous dit mes frères désormais Vous allez avoir un carnet Pour affirmer vos origines Avec mon carnet citoyen Je vais pouvoir casser les reins Aux apatrides de la pègre Je le porterai en sautoir Car tout le monde doit savoir Que mes parents ne sont pas nègres Je suis un fils de l'hexagone Et je ne permets à personne De plaisanter sur mon blason Et si on me prend pour un Suisse J'irai me plaindre à la police En leur prouvant qu'je suis breton Je suis français de père en fils Mon père a tété la nourrice D'un chamelier du Cotentin Ma mère était fille de notaire Et petite-fille de son grand-père Et rempailleuse de traversins Mon oncle Albert était un con Qui cachait dans un cabanon Un officier d'la Gestapo Ma tante était née dans la Creuse Au sein d'une famille nombreuse Atteinte de l'impétigo Je suis un Français de pure souche Et j'ai toujours au coin d'la bouche Un bon rictus de franchouillard Surtout dans les repas de noces Où d'un pas viril et véloce Je fais la danse des canards J'ai même appris l'accordéon Avec Jean-Charles Gros-Côlon À la MJ de Touche-Mes-Noix Et je prépare les vins d'honneurs Pour régaler les ingénieurs Des pompes à merde du Crôtois Le jour du Quatorze Juillet Je plante des drapeaux français Sur les fenêtres de ma rue J'ai même fait tondre ma pelouse Quand en juillet 92 Un All'mand s'est couché dessus Quand sur la Méditerranée Le Boche revient se faire bronzer J'aime à lui crier Vive De Gaulle Et d'un puissant revers de main Je claque la gueule à mon gamin Qui dit vieux con t'es même pas drôle Patience un jour il deviendra Chauvin et con comme un Gaulois Pourvu qu'il boive autant que moi