Quand nous étions de pauv' wâbos Sans une maudite cenne dans l'chapeau Y avait souvent la grosse Gisèlle Qui nous r'filait un morceau d'ciel C'est pas qu'elle en avait tellement L'trottoir, c'est pas c'qu'y a d'plus payant Surtout quand t'as, de prime abord Un cœur encore plus gros qu'le corps Y avait un gars qui profitait D'son argent pis de ses attraits En lui promettant l'paradis La fin d'ses jours à Hawaï De la voir s'envoler au ciel Nous autres, on partait avec elle Dans un rêve bleu aussi humide Qu'une belle chemise de Floride Et pis un jour, elle est partie Que'qu'temps après, elle a écrit Une carte postale où a disait Que c'tait ben beau où c'qu'a l'était Quand est r'venue, un m'ment donné On a r'viré toute un party A nous a décrit l'paradis Aussi ben que le Saint-Esprit Mais le seul ombrage au tableau Celui qui éclipse le flambeau Ce fut d'comprendre qu'la grosse Gisèlle S'y était calciné les ailes Et depuis ce jour malheureux Dans le fond d'la cour du Bon Yeu Elle fouille encore dans les vidanges En cherchant son costume d'ange Si jamais vous la rencontrez Pis qu'vous êtes pas trop, trop pressés Quand vous profilez en enfer Vot' beau sun tan de Lucifer Parlez-y pas de Terre promise Sinon a va piquer une crise L'trottoir, c'est vraiment tout c'qui reste À porte du paradis terrestre