Avec ce soleil, on avait envie de ne pas parler De boire la vie à petites goulées, sous le ciel superbe Le long du talus, mâchant un brin d'herbe Et jupe collée, elle regardait D'un air triomphant ce jeune homme imberbe Ou encore presque enfant qui la désirait Il aurait fallu presque rien, peut-être Un geste de lui, un sourire d'elle qui lui dise "viens" Il aurait fallu presque rien, peut-être Qu'un oiseau s'enfuie avec un bruit d'ailes Pour que tout soit bien ♪ Pour que par-dessus, le toit de l'usine Le long des mûreraies Pour que par-dessus, la route est voisine Et ses pavés gris Pour que par-dessus toutes les collines Pour que par-dessus toutes les forêts Pour qu'on monte au ciel, sans cloches et sans noces Un amour de gosses qui purifierait Mais c'était déjà des enfants durcis Qui ne croyaient plus n'avoir à se dire Que les mots des grands Que la vie déjà broyait sans merci Qui ne savaient plus ni rêver, ni rire Cœur indifférent ♪ Et ce jour encore, le long du talus Les coquelicots avec les bleuets En vain attendirent une main cruelle Qui les cueillerait