Que m'importe donc à présent Le souvenir de mon amant Puisqu'après m'avoir tant aimée Il m'a si lâchement quittée Il alluma sa cigarette Et me dit d'un air dédaigneux: Ne fais donc pas ainsi la bête A prendre la vie au sérieux! Et m'envoyant une bouffée De sa fumée, sans s'émouvoir, Il partit vers sa destinée Sans pitié pour mon désespoir Ce matin, un de mes pantins Ruiné me suppliait en vain; N'ayant plus pour payer mes charmes Que le flot sans valeur des larmes. J'ai allumé ma cigarette En lui disant l'air dédaigneux: Ne fais donc pas ainsi la bête A prendre l'amour au sérieux! Et lui jetant une bouffée De ma fumée, sans m'émouvoir, J'ai ri et me suis détournée Sans pitié pour son désespoir Mais toi, fumée qui montes là-haut, Répands un baume en mon cerveau, Et pendant les heures moroses, Apporte-moi l'oubli des choses Enivre-moi, ma cigarette Et donne-moi l'air dédaigneux, Je veux rester froide et muette En écoutant de doux aveux. Dans mon âme désenchantée Nulle rose ne doit fleurir, Tout s'évanouit Dans La Fumée, Désir, amour et souvenirs!