J'ai entendu des gens Parler de l'océan Comme d'une connaissance Ou citer au hasard Des pays très bizarres Sans souci des distances Je n'ai pas voyagé Mais je n'en ai gardé Nulle déconvenue Car j'ai autant d'émoi Quand je sors de chez moi Pour aller dans ma rue Ma rue Entre ses toits fumeux Quand on lève les yeux C'est un coin de ciel bleu Ma rue Montre aussi des bateaux Quand les gosses à Poulbot Viennent jouer dans ses ruisseaux Ma rue C'est l'air d'accordéon Dont la seule chanson Fait rêver d'horizon Ma rue C'est jusqu'au fond des cours Le nid où pour toujours Naissent et meurent les amours Certains ont des frissons En vantant les saisons Passées dans les palaces Ils parlent de flambeaux Se reflétant dans l'eau Polis comme une glace D'autres dans les déserts Ont vu des pays clairs Aux merveilleux mirages Devant tous leurs plaisirs Je n'ai pas de désirs Car pour les paysages Ma rue N'a jamais sa pareille Quand sur elle le soleil Pose un rayon vermeil Ma rue Vous parlez d'une affaire Montre pour qu'on espère Des petits bonnets verts Ma rue Aux amants dans le noir Sous le manteau du soir Fait briller un espoir Ma rue C'est jusqu'au fond des cours Le nid où pour toujours Naissent et meurent les amours