Pauvre de toi, musicien de mon Ile Qui, comme moi, joues ton âme et ta vie Sur le clavier de ton coeur qui frissonne De tant de joies et d'angoisses incomprises Vois le parterre de ces dames jolies Qui te regardent transpirer ta folie Que fais-tu là Tu leur donnes du rêve tandis qu'au fond Tu trembles pour le monde Ecoute-moi Comme toi, j'ai pleuré mille fois Sur des thèmes d'amour angoissé Et mes pleurs ont fini dans l'oubli Que sont nos pleurs A côté des torrents de misère Qui sillonnent la vie chaque jour La vie c'est fait comme ça C'est la vie Pauvre de toi, musicien qui te donnes Avec amour et avec frénésie Pour des bravos bravos bravos Ou de l'indifférence, car c'est l'oubli Quand le rêve s'achève Si tu n'entends que la voix de ton âme Pour te nourrir tu n'auras que des notes Des notes noires et des notes muettes Toi, musicien, tu mérites le monde Fais-toi payer Comme on paie à tout bon ouvrier Tu construis des chateaux de bonheur Avec un coeur blessé, déchiré Fais-toi payer Même si l'argent ne vaut pas l'amour Pas besoin de caviar, de bon vin Mais il te faut du pain, musicien Pauvre de toi, artiste de mon pays Qui hier encore faisais danser la ville Comme Nemours, Sicot, Ti Paris et les autres Qui meurent tout bas... Méprisés, oubliés Oubliés