Renardeau mon frangin On est dans l'même pétrin Cernés de chiens et de chasseurs Renardeau mon cousin Je te tiendrai la main La patte jusqu'à la dernière heure On était partis de bonne foi Toi du terrier moi de mon toit Avec chaleur Au-devant des fous et des rois Devant nos congénères ma foi De tout notre coeur Ta vie on te la joue à face ou pile Pardi on est poète ou imbécile J'peux dire qu'on est Ysengrin ou Goupil Renardeau mon fiston Dans ton joli veston Ta queue-de-pie de flammes rousses T'allume des incendies À travers les orties Et les tapis de tendre mousse Et les culs-terreux fous de rage T'accusent de porter la rage De par la France Comme si la beauté aujourd'hui Ça méritait d'être puni Pour indécence Ta vie on te la joue à face ou pile Pardi on est poète ou imbécile J'peux dire qu'on est Ysengrin ou Goupil Renardeau mon ti-frère Rendez-vous en enfer L'enfer des bêtes indociles Laissons monter là-haut Les crotales les cabots Au paradis des crocodiles Pour trois volailles dérobées Quelques oeufs fraîchement gobés Ils te poursuivent Comme si les renards soudainement Ça d'vait bouffer plus qu'du chiendent Ou des olives Ta vie on te la joue à face ou pile Pardi on est poète ou imbécile J'peux dire qu'on est Ysengrin ou Goupil! Renardeau réfugié Au fond de ton terrier Auprès de ta douce Hermeline Près de celle qui t'attend Que tu lèches longuement Ta princesse ton orpheline Loin de ce monde de faux-culs Qui n'pense qu'à te tirer dessus Vaille que vaille Endors-toi et fais de beaux rêves Avant que toi et moi on crève Sous leur mitraille Notre vie on nous la joue à face ou pile Pardi on est poète ou imbécile J'peux dire qu'on est Ysengrin ou Goupil