Ça passe comme un rêve Entre nos rives grises Ça charrie comme un goût D'aller chercher plus loin C'est comme un peu du large Ecarté dans nos rues Du large qu'on appelle Et qu'on ne prend jamais Le fleuve le fleuve Des fois quand j'ai le cœur Ecœuré d'être en ville Je viens le voir passer Les pieds vissés à terre Mais les yeux envolés Vers l'est plus loin que l'île Où l'horizon bascule Et les rives se perdent Le fleuve le fleuve Avec le vent qu'il fait Décoiffant les fumées J'invente les tempêtes Et les coups qu'il me manque Comme avec les cargos Qui sont tous étrangers Je refais des bateaux Qui nous appartiendraient Le fleuve le fleuve Et c'est un peu de moi Et c'est beaucoup de nous Qu'il emporte avec lui Vers des marées d'ailleurs Tandis que les oiseaux S'attardent sur les quais Je rentre une autre fois Sans l'avoir vraiment vu Le fleuve le fleuve