Zéro à dix J'aimerais savoir pourquoi j'existe Dix à vingt J'ai des hormones comme plein les mains C'est déjà trente J'pourrais faire ce qui m'tente Mais y a des factures en attente Quarante C'est, on dirait, l'métier qui rentre Cinquante Y a pus rien qui rentre, surtout pas mon ventre J'ai déjà soixante Y a plein d'affaires qui plissent, ostie, j'ai soixante-dix J'ai quatre-vingt J'comprends pus rien, c'est déjà l'début de la fin Après j'compte même pus D'toute façon, j'ai aucune idée où chu rendu Lundi J'veux surtout pas sortir du lit Mardi C'comme la journée qui veut rien dire Le milieu d'la semaine C'est mercredi, ça vaut la peine V'là jeudi J'vois venir la fin d'semaine J'ai pas fini, faut j'aille courir des aubaines Vendredi Ce serait magnifique, chu pogné dans l'trafic Enfin samedi Je pourrais dormir, mais y a un paquet d'enfants qui crient Dimanche est fini Juste à y penser, j'dormirai pus de la nuit Les années cinquante Les ch'veux crêpés pis la crème de menthe Les années soixante Une nouvelle musique adolescente Les années soixante-dix Gang de hippies qui fument du fleur de lys L'année deux mille C'est la noirceur qui tombe sur la ville En deux-mille-douze Y a pus rien à faire, sauf jouer du blues En deux-mille-douze Y a pus rien à faire, sauf jouer du blues