À l'assemblée du pays Quand j'étais petit, petit Guère plus haut qu'une botte Mon père, un bon paysan Me disait, en me glissant Deux gros sous dans la menotte Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas Avec les autres morveux Je courais, le coeur joyeux Jusque sur la place en fête Écoutant le carillon De mon inutile billon Qui tintait dans ma pochette Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas Les prestes chevaux de bois Obéissaient à la voix Des orgues de Barbarie Les chevaux de bois tournaient Habillés de beaux harnais Où brillaient des pierreries Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas Chez le marchand de gâteaux Installé dessous l'ormeau C'était la galette au beurre Et les sucres d'orge blonds Et la roue aux macarons Qu'une plume d'oie effleure Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas Devant tout ce paradis Je restais abasourdi N'osant rien dire et rien faire Et je retournais chez nous Pleurant, avec les deux sous Que m'avait donnés mon père Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas Ainsi, belle aux yeux charmants Qui dites m'aimer vraiment Sans vouloir me laisser prendre Parmi votre corps rosé Ce que j'appelle un baiser Près de vous je crois entendre Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Pour ton assemblée Tiens, p'tit gars, v'là deux sous Mais les dépense pas