Je suis un pauvre travailleur Pas plus méchant que tous les autres Et je suis peut-être meilleur Ô patrons, que beaucoup des vôtres Mais c'est mon métier qui veut ça Et ce n'est pas ma faute, en somme Si j'use chaque jour mes bras À préparer la mort des hommes Pour gagner mon pain Je fais des canons Je fais des canons Qui tueront demain Qui tueront demain Si la guerre arrive Si la guerre arrive Que voulez-vous, il faut bien vivre Je fais des outils de trépas Et des instruments à blessures Comme un tisserand qui fait ses draps Ou le cordonnier des chaussures Pour gagner mon pain Je fais des canons Je fais des canons Qui tueront demain Qui tueront demain Si la guerre arrive Si la guerre arrive Que voulez-vous, il faut bien vivre Et puis je suis aussi de ceux Qui partiront pour les frontières Lorsque rougira dans les cieux L'aurore des prochaines guerres Là-bas, aux canons ennemis Qui seront les vôtres, mes frères Il faudra que j'expose aussi Ma poitrine d'homme et de père Pour gagner mon pain Je fais des canons Je fais des canons Qui tueront demain Qui tueront demain Si la guerre arrive Si la guerre arrive Que voulez-vous, il faut bien vivre Ne va pas me maudire, ô toi Qui dormiras, un jour, peut-être Ton dernier somme auprès de moi Dans la plaine où les boeufs vont paître Et vous dont les enfants tomberont Ne me maudissez pas, ô mères Moi je ne fais que les canons Ce n'est pas moi qui les fais faire Pour gagner mon pain Je fais des canons Je fais des canons Qui tueront demain Qui tueront demain Si la guerre arrive Si la guerre arrive Que voulez-vous, il faut bien vivre