Il y a des maisons dont je n'approche guère Que par un mouvement timide de la main Comme s'il s'agissait d'un cheval de barrière Habitué à des caresses de forain Des maisons qui n'ont rien pour elles que des portes Toujours béantes sur la tartine d'un enfant Et des étages aux lingeries désespérantes Que ne parvient à regonfler un maigre vent J'écoute avant d'entrer le bruissement de pierre Que font au bord du ciel ces maisons du destin La pluie d'avril ne chante pas dans les gouttières Bouchées par un caillot de sang gros comme un poing Une femme en cheveux qui n'a que sa tristesse Au-dessus de la rue penche pour y tomber Le ciel vacille avec des lueurs de lampe à graisse Très loin parmi de hautes cheminées Et je monte en tremblant une marche après l'autre Ainsi qu'un affamé domestique sa faim Ce soir j'ai du salpêtre sous les côtes Éblouissant comme une étoile de chagrin Et je veille avec vous cette ville dormeuse Enroulée mollement dans la fumée des trains Tandis que sous le front glacé d'une veilleuse S'insinue un peu plus de désespoir humain