J'aurais voulu t'écrire comme un début de valse Quelques mots de couleur, le rythme de la mer Mais c'est encore un blues qui me vient malgré moi Une chanson d'hiver que je chante ce soir Mes mots, depuis dix ans, n'ont pas changé grand-chose Sinon cette fatigue qui frippe mes paupières Et cette solitude, même aux instants de fête Qui me laisse étranger aux rires de mes amis Il va bientôt venir, le bout de ce voyage Si peu de temps vécu et j'ai déjà mille ans Ce poids sur mes épaules, d'alcool et d'insomnies Et le goût de lutter qui, peu à peu, me quitte On m'avait prévenu qu'il y aurait toujours Un morceau du chemin que je ne ferais pas Une rue dans un port où je n'irais jamais Que la peur me créerait un besoin de racines Je n'ai pour souvenirs qu'un tas de cicatrices Ce besoin d'être ailleurs, ma haine du travail Mais il n'y a rien ailleurs, qu'un taudis de misère Aussi puant d'ennui que le trottoir d'en face D'où me vient cette usure? Est-ce peur ou fatigue? Quand les ciseaux alignent les barbes et les idées Que l'on enferme encore la jeunesse en caserne Que les matins de labeur désunissent les couples J'aurais voulu t'offrir comme un début de valse Quelques mots de couleur, le rythme de la mer Mais c'est encore un blues qui me vient malgré moi Une chanson d'hiver que je chante pour toi