Quand je serai devenu Tout ce que je déteste Qu'elle ne m'aimera plus Et que je boufferai les restes Quand je serai devenu La pire des bêtes noires Pauvre monstre reclus Vilain petit canard Quand j'me serai trop mouché Dans leurs jolies dentelles Et quand j'aurai craché Dans les soupes les plus belles Quand j'aurai noyé A vouloir me défaire Jusqu'à ma dignité Mon égo dans la bière Il me restera toi Pour éponger mes yeux Pour écouter ma voix Et pour m'aimer un peu Quand j'aurai retourné Le fond de mes tiroirs Quand j'aurai éclaté Mes plus jolis miroirs Quand j'aurai abusé De toutes les gentillesses Et envoyé bouler Toutes vos politesses Quand j'aurai saboté De mes gueules d'enterrement Les plus folles soirées Les plus heureux moments Quand j'aurai déçu Mes amis et mes frères Et quand j'aurai perdu Même l'amour de ma mère Il me restera toi Pour éponger mes yeux Pour écouter ma voix Et pour m'aimer un peu Quand j'aurai fait le tour Des mes mille sarcasmes Quand j'aurai coupé court A tes grands fantasmes Quand j'aurai saccagé Nos plus beaux souvenirs Et quand j'aurai pillé Nos plus beaux devenirs Quand j'aurai sans rancune Ri de toutes les horreurs Et sans pudeur aucune Exhibé ma torpeur Quand j'aurai comme un livre Dégueulé mes secrets Bouffé mon mal de vivre A tous les râteliers Il me restera toi Pour éponger mes yeux Pour écouter ma voix Et pour m'aimer un peu Quand j'aurai écrit Mon ultime chanson Poussé mon dernier cri Soufflé mon dernier son Quand j'aurai gavé Les plus fidèles esgourdes Qu'elles seront devenues sourdes A mes vers enflammés Quand je passerai mes armes Là de l'autre côté Ce s'ra toi le plus paumé Du cortège des larmes Quand je n'aurai plus rien Que la peau sur mes os froids Il me restera toi Pour m'aimer comme un chien Il me restera toi Pour me fermer les yeux Pour éteindre ma voix Et pour m'aimer un peu