J'occupe mes bottes, fatiguées, sur les flancs de la ville endormie Cherchant le long de ses courbes rêveuses, les traces d'un sommeil qui me fuit À petit pas ma tête trop habitée s'accorde à mes sens engourdis Comme se dévoile devant moi le spectacle sans joie d'un monde ivre de sa sombre folie La nuit semble accrochée aux quatre coins du ciel comme le décor cheap d'un film d'Hollywood Où des acteurs blasés remâchent soir après soir le même scénario usé Devant un parterre plein à craquer, D'âmes achetées à rabais Avec la promesse vil du bonheur facile, derrière le rêve sans teint du miroir Américain Leur milliers d'yeux, captifs de l'éclat qui restent aveuglent à l'appel des consciences Ceux qui pointent leurs doigts lucides vers les fissures grotesques de la mascarade Hey! Ça craque!! Mais si les bouches et les poches débordent Les ventres, eux ne sont jamais assez remplis pour faire taire le vide qui en habite obstinément le fond Et les jours s'écoulent, prévisibles, comme les pages d'un roman de gare Dans l'attente passive du prochain acte Dans la mire lascive des marchants de mort