L'épouvantail dans son champs solitaire ne fait plus peur aux oiseaux Monstre de paille, de chanvre et de poussière, il fait marrer les corbeaux Les passants qui jadis le montraient du doigt n'y prêtent plus attention Et le vent qui sifflait dans ses cheveux de bois à présent tourne en rond Un peu comme toi Papy La tête sous l'eau il s'invente des douceurs, des voyages en bateau Sous son manteau bat un coeur de rêveur, amoureux des badauds Qu'il observe en silence, promeneurs du dimanche, citadins à vélo Malchanceux de naissance, nul ne sait ce qu'il pense, il ne dit pas un mot Un peu comme toi Papy Pluies diluviennes et mirages, j'en perds l'équilibre Les larmes me prennent en otage dans ce champ de solitude Ivre de peine quand l'orage noircit ces lignes Je prie pour que fuient les nuages qu'enfin le ciel se dénude