Je m'endors; ruminant, aux victimes du sort Aux millions d'excitants dont mon cœur débat D'un raz de marée flasque, une crevasse fait place À la pensée que le coût d'un souper de riches c'est le salaire d'une vie Mais le pire c'est le regard perméable... Aux plafonds des lacs et au souffle des vagues Qui bercent nos villes et assèchent les villages Aux sourires si maigres voilant le malade A toutes ces miettes de pains perdues dans le sable Aux maisons bâties sous nos montagnes de déchets J'm'endors, un silence comme béquille Le sentiment d'être inutile Un mensonge entre les dents J'm'endors, le goût d'un bonheur faux en bouche La désillusion au cœur Je lape les paroles du rhéteur Je me réveille. J't'en sueur. J'ai dû encore rêver De millions de squelettes vivant aux frontières D'inondations et de contrôles des masses Où les gens devenaient fous, où les familles s'déchiraient Où les produits de base commençaient à manquer Sauf dans les quartier fermés ou l'on pointait l'étranger Même les bêtes tremblaient, l'air était chargé D'un silence que seule la mort sait formuler J'm'éveille, ça sent vaguement le brûlé J'ai un goût âpre en bouche Une politique me dégoûte J'm'éveille, les gens me dévisagent comme un fou J'cris, mais y m'disent que y'a pas le feu Même si ça sent la fumée... J'me rendors.