Quand le jour vient et qu'les putains Une à une éteignent leurs fesses Les chiens d'ivrogne vont au gratin En tenant leurs maîtres en laisse Chien d'ivrogne, c'est plus dur qu'on n'croit On part à six heures à l'embauche Faire tous les bars du côté droit Redescendre par ceux de gauche Neuf, dix, onze, douze, et plus qu'il boit Plus qu'il devient beau, mon ivrogne Plus qu'il perd ses poils et aboie Et marche à quatre pattes et grogne Faut le rentrer avant qu'il morde Je le tire jusqu'à son lit Là, je le couche, je le borde Et m'endors à côté de lui On est d'une famille exemplaire Dix générations qu'on nous bisse Si l'héritier fait comme son père Tu seras chien d'ivrogne, mon fils Et quand tu seras chien d'ivrogne À toi d'mériter ton dîner Tendre la patte à la patronne Tenir un sucre sur ton nez L'après-midi, devant les troqu' On commente les faits divers "Machin a refusé son verre" "Dugommier, oh, il est en désintox" Sous les stores troués des bistrots On fait des rêves de caniche Qu'on danse sous un chapiteau Ou qu'on a du feu dans la niche Le 30 du mois, pour éviter Les comptoirs où y a des ardoises On fait l'détour des salons d'thé Renifler l'cul des Pékinoises Arrière, matous et clébards De tout poil avec vos pedigrees Qui nous snobez devant les bars En nous traitant de chiens d'arrêt On est des chiens dans la même peau Du Saint-Bernard au chien d'aveugle On garde un berger sans troupeau On est dix pour le prix d'un seul Ah, quand viendra ma dernière heure Petit, écris sur la couronne Ici gît, ce fut son honneur Et sa passion, un chien d'ivrogne