VALSE BRUNE 1. Ils ne sont pas des gens à valse lente Les bons rôdeurs qui glissent dans la nuit Ils lui préfèrent la vals' entraînante Souple, rapid' où l'on tourne sans bruit Silencieux, ils enlacent leurs belles, Mêlant la cott' avec le cotillon. Légers, légers ils partent avec elles Dans un gai tourbillon C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Que la lumièr' importune Et qui recherchent un coin noir. C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Chacun avec sa chacune La danse le soir. 2. Ils ne sont pas tendres pour leurs épouses, Et, quand il faut, savent les corriger. Un seul soupçon de leurs âmes jalouses Et les rôdeurs sont prêts à se venger. Tandis qu'ils font, à Berthe, à Léonore Un madrigal en vers de leur façon, Un brave agent, de son talon sonore, Souligne la chanson. C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Que la lumièr' importune Et qui recherchent un coin noir. C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Chacun avec sa chacune La danse le soir. 3. Quand le rôdeur, dans la nuit, part en chasse, Et qu'à la gorge il saisit un passant, Les bons amis, pour que tout bruit s'efface, Non loin de lui chantent en s'enlaçant. Tandis qu'il pille un logis magnifique, Où d'un combat il sait sortir vainqueur, Les bons bourgeois, grisés par la musique Murmurent tous en choeur: C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Que la lumièr' importune Et qui recherchent un coin noir. C'est la Valse Brune Des chevaliers de la lune Chacun avec sa chacune La danse le soir.