Filer droit et sans ruse Avec aux pieds les muses Comme des chiens qu'on siffle Voilà tout ce qui compte Ne laisser pour la honte Que l'automne et ses gifles Filer droit sans douceur Arroser de sueur Les fleurs à déclamer Les roses de demain Écorcheuses de mains Aux teintes saturées Ensanglanter le pâle Multiplier l'opale Pour que son cours s'effondre À ceux qui n'y croient plus Bien planter le pointu Des consonnes de l'ombre Se rincer le poème Des baumes et des crèmes Au regain des averses La beauté n'est pas tant La main lisse que l'am- Poule blanche qu'on perce Brûler jusqu'à la mort Être le météore Pas le faiseur de voeux Sans jamais oublier Qu'un poème plié Est un poème vieux Alors déplier bien Et dans l'espace enfin Commencer sa jeunesse Quand dans leurs doux fauteuils Les rimeurs mous de l'oeil Ne voient plus que leur graisse