Ah, mon ami potier, n'es-tu donc jamais fatigué
À tant tourner, à tant tourner, à tant tourner?
Tu donnes mille et mille tours par jour sur ton vieux tour
Et tes mains ne sont-elles pas usées, usées jusqu'à l'os?
À tant tourner, pétrir, frotter, caresser, dominer
La bonne et rude argile d'où nous sommes tous nés
Les astres tournent dans l'univers, et moi je suis là
Sur le globe, à faire sans répit tourner mon vieux tour
Et le monde tourne, danse et rayonne, et le monde fait l'amour
Et mes pieds et mes mains s'en vont et viennent à l'unisson
Et je tourne et tourne pour faire naître en chantant, de la terre
Les formes vivantes, toujours si nouvelles, de la vie
Ah, mon ami potier, tu me parais plus joyeux que toujours
À tant tourner, à tant tourner, à tant tourner
Tu donnes mille et mille tours par jour sur ton vieux tour
Et tes mains sont plus belles et plus fines que jamais
À tant tourner, pétrir, frotter, caresser, dominer
La bonne et rude argile d'où nous sommes tous nés
À tant tourner, pétrir, frotter, caresser, dominer
La bonne et rude argile d'où nous sommes tous nés