Bipède volupteur de lyre, époux châtré de Polymnie
Vérolé de lune à confire, grand-Duc bouillon des librairies
Maroufle à pendre à l'hexamètre, voyou décliné chez les Grecs
Albatros à chaîne et à guêtres, cigale qui claque du bec
Poète, vos papiers
Poète, vos papiers
J'ai bu du Waterman et j'ai bouffé Littré
Et je repousse du goulot de la syntaxe
À faire se pâmer les précieux à l'arrêt
La phrase m'a poussé au ventre comme un axe
J'ai fait un bail de 3-6-9 aux adjectifs
Qui viennent se dorer le mou à ma lanterne
Et j'ai joué au casino les subjonctifs
La chemise à Claudel et les cons dits "modernes"
Syndiqué de la solitude, museau qui dévore du couic
Sédentaire des longitudes, phosphaté des dieux chair à flic
Colis en souffrance à la veine, remords de la Légion d'honneur
Tumeur de la fonction urbaine, Don Quichotte du crève-cœur
Poète, vos papiers
Poète, papier
Le dictionnaire et le porto à découvert
Je débourre des mots à longueur de pelure
J'ai des idées au frais de côté pour l'hiver
À rimer le bifteck avec les engelures
Cependant que Tzara enfourche le bidet
À l'auberge dada la crotte est littéraire
Le vers est libre enfin et la rime en congé
On va pouvoir poétiser le prolétaire
Spécialiste de la mistoufle, émigrant qui pisse aux visas
Aventurier de la pantoufle, sous la table du Nirvana
Meurt-de-faim qui plane à la Une, écrivain public des croquants
Anonyme qui s'entribune à la barbe des continents
Poète, vos papiers
Poète, documenti
Littérature obscène inventée à la nuit
Onanisme torché au papier de Hollande
Il y a partouze à l'hémistiche mes amis
Et que m'importe alors Jean Genet que tu bandes
La poétique libérée c'est du bidon
Poète prends ton vers et fous-lui une trempe
Mets-lui les fers aux pieds et la rime au balcon
Et ta muse sera sapée comme une vamp
Citoyen qui sent de la tête, papa gâteau de l'alphabet
Maquereau de la clarinette, graine qui pousse des gibets
Châssis rouillé sous les démences, corridor pourri de l'ennui
Hygiéniste de la romance, rédempteur falot des lundi
Poète, vos papiers
Poète, salti
Que l'image soit rogue et l'épithète au poil
La césure sournoise certes mais correcte
Tu peux vêtir ta Muse ou la laisser à poil
L'important est ce que ton ventre lui injecte
Ses seins oblitérés par ton verbe arlequin
Gonfleront goulûment la voile aux devantures
Solidement gainée ta lyrique putain
Tu pourras la sortir dans la littérature
Ventre affamé qui tend l'oreille, maraudeur aux bras déployés
Pollen au rabais pour abeille, tête de mort rasée de frais
Rampant de service aux étoiles, pouacre qui fait dans le quatrain
Masturbé qui vide sa moelle à la devanture du coin, ah
Poète, ahah
Circulez poète, ahah
Circulez poète, ahah
Circulez, ahahah
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