C'était une pauvre orpheline Homosexuelle, juive et noire Elle s'appelait Marie-Sandrine Mais on la surnommait Bernard Son père il était mort, et sa mère, c'est pareil En lui laissant huit frères et soeurs Huit petits trésors, il en faut de l'oseille Pour leur payer des z'hamburgers C'est dur d'être une pauvre orpheline Quand on ne vient pas de la haute On tombe bien vite dans la famine Et pour acheter l'entrecôte Alors on s'prostitue, mais c'est pauvre comme job On est rarement ravie au lit Pis quand on est bossue, ce n'est pas très commode La pauvrette alors a compris Quand on est une pauvre orpheline Avec, en plus, un oeil en moins Tous les avis sont unanimes C'est quand même une vie de chien Elle n'avait qu'une seule jambe et ça la rendait triste D'être à ce point si mal foutue Mais on peut la comprendre, les unijambistes Ça ne court pas tellement les rues Et petit à petit l'orpheline S'est mise à boire toute la journée On l'appela donc la tartine Vu qu'elle était tout l'temps beurrée Mais le soir elle priait pour remonter la pente La religion c'est bien pratique Car il vaut mieux, c'est vrai, être une vraie croyante Plutôt qu'une fausse sceptique Alors notre pauvre orpheline Homosexuelle, juive et noire Vendit son corps à la médecine Pour pas finir sur le trottoir