Plus elles défilent moins je sais où elles m'entraînent,
Ces lignes blanches de bas-côté d'l'autocar,
Qui du matin nous enlèvent à ceux qu'on aime,
A la solitude, à l'amour d'un soir,
Les yeux rivés sur le bitume, me reviennent,
Mes rêves de gosses et de gloire un peu aussi,
La musique et la route en guise d'oxygène,
Le look, le sourire qui fait craquer les filles,
Je la voulais si fort cette vie infernale,
Comme un défi à l'ennui, un challenge,
Si les concerts ont remplacés les bals,
Il y a toujours ces mêmes lignes blanches.
La horde sauvage on a hissé l'drapeau noir,
En débarquant dans cette ville au bout d'la terre,
On prends nos quartiers dans les murs où ce soir,
On sera pirates, un brin mercenaires,
Les arènes se suivent et parfois se ressemblent,
C'est souvent un peu d'hier aujourd'hui,
Qu'importe si c'est l'diable ou dieu qui nous rassemble,
C'est sans doute écrit, et c'est bien ainsi,
La machine part en live c'est la délivrance,
Telle une déferlante qu'on n'arrête plus,
De tout l'bonheur d'un môme, sa quintessence,
Porté par, et pour autant d'inconnus.
La caravane pliée, quelques signatures,
Quelques baisers qui font rougir parfois,
Puis la photo qui jaunira sur un mur,
Et le bus démarre, prêt à partir déjà,
A bord, on va se le refaire ce voyage,
Quand bien même le même nous attends demain,
Cette amertume de n'être que de passage,
C'est qu'on s'rait bien restés la nuit au moins,
Si ces lignes rappellent au chauffeur qu'il est tard,
Pour moi elles me ramènent à qui je suis,
Au bout du compte juste un môme et sa guitare,
Qui aurait planqué son âme dans son ampli.
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