Benjay
Ah, mon frère, j'suis toujours le même
Ah, j'suis toujours le fils à ma mère
Ah, dis-moi si tu peux me suivre
Dis-moi si demain tu pourras me suivre
Ah, mon frère, j'suis toujours le même
J'ai toujours un peu les mains dans la merde
Dis-moi si demain tu pourras me suivre
Eh
Tout a commencé en '93
Dernier de la famille, j'suis tout en retrait
Maman cuisine le poulet sur la braise
Moi, j'apprends tout en regardant mes frères
Je me rappelle même de mes matchs au basket
J'voulais déjà tous les niquer
J'pourrais jamais vraiment tout expliquer
Dans ma tête ça brûlait déjà comme un briquet
Sur le terrain, j'suis agile, c'est facile
J'fais pas la passe, c'est moi qui marque
Leurs parents me haïssent
L'entraîneur me fatigue, j'ai l'impression qu'il est raciste
Mais je m'en bats les couilles
Si dans les gradins y'a frérot qui valide
Maman a dit "fais-le en mieux, tu restes un noir" (noir)
Noir comme les noirs qui se noient
Noir comme les noirs qu'ils veulent pas à leur table
Noir comme les noirs pour qui écrit des lois
Lois qui nous laissent loin du pouvoir
Voir ce qu'on pourra jamais avoir à la fin du mois, han
T'as raison, t'as raison maman c'est fou
Mais à l'époque j'en avais rien à foutre
Plus on est, plus on rit, plus on est fous
Tant qu'on reste tous sur un terrain de foot
Han, le premier pilon c'était pour voir
Le deuxième, c'était pour tout voir
Pour impressionner les bourgeoises
Hey, tout va pas tout droit
J'travaille ma garde et mon coup-droit
J'rentre à la maison l'air coupable
Maman ton regard me foudroie
Premier son ça m'a fait tout drôle
Comme de découvrir un pouvoir
Maintenant c'est tout noir, oh
♪
Mais qui peut me suivre?
Y a des démons qu'on pourra jamais fuir
J'habite à Paris mais ma vie me suit
Face à mon passé, j'suis face à des ruines
Chez moi, la jeunesse s'enlise
Tout près des Champs, y a des bécanes en I
Des gens qui savent pas quoi faire de leur vie
Chercher un taf, faire pousser la weed
Vraiment, eh
Plaisance-du-Touch, 31 830
Là-bas tout est tranquille
Moi j'fais 100 pas, j'suis en transe
Ils ont tous l'air content, l'air d'être si bien dans leur peau
L'air de se sentir français
Moi j'suis foncé, j'ai pas de pot
Sourcils froncés, j'ai peu de potes
J'veux son cœur mais j'ai pas le code
Elle m'aime pas, c'est l'hécatombe
Ils se foutent de ma gueule mais j'sais
Que j'irai plus loin qu'eux, que j'vivrai très loin d'eux
Qu'il me reste pas longtemps avant qu'ils se remémorent le passé
Qu'ils repensent au tisse-mé tout au fond du 67
Celui qui passait tout le trajet à gratter des seize
J'sais pas pour eux, mais moi j'ai toujours pas lâché
Eh
Nan Ma', j'ai pas fini, pas commencé
C'est jusqu'à l'infini, Maman tu sais
Que j'reviens même avec bras cassé
Qu'on savait déjà que c'était pas facile
Toi qui es différent et qui en a assez
Peuvent pas comprendre ce qui a dans ta tête
Tu perds ton temps quand t'essaies d'expliquer pourquoi t'es enragé, han
Nan, rien à foutre
Bagages blindés dans la soute
J'ai déjà craché dans la soupe
J'vais pas me cacher, j'vais leur foutre
Bien profond dans tous les trous
Le p'tit qui est dans tous les coups
J'suis dans le panier, ça fait swish
Maintenant, c'est eux qui me haïssent, hey
Toujours le même
Ah, toujours le fils à ma mère
Ah, dis-moi si tu peux me suivre
Dis-moi si demain tu pourras me suivre
Ah, toujours le même
Ah toujours les mains dans la merde
Dis-moi si demain tu pourras me suivre