À la fin du monde Au silence des âges Il n'y aura qu'une montre Sur le carrelage Elle tournera sa langue Et roulera des aiguilles Les pupilles absentes Et les deux pieds dans le vide Au milieu des décombres Et des restes anonymes Où ronronnent les ondes Dans les ténèbres tranquilles Les grillons atomiques Et les cigales hertziennes Chantant l'Apocalypse Dans le Jardin D'Eden Entre les somnifères Et l'envie de tout détruire Les orgasmes et la bière Et les hormones en délire Les instincts qui s'évadent Comme des animaux Ou qui rasent les vagues Et courbent courbent le dos Plouf! les sirènes Et pouffes à magazines Aux lèvres en meringue À la sortie de l'usine Minets et écolières Étendus dans le sable À la morgue, à la mer À la guerre ou à la plage Graisse la manivelle Et le manège à bobines Qui repasse les chaînes Et les mêmes chemises L'horizon rend les armes Et accepte l'inutile Le cul dressé dans l'espace Et la langue dans la flaque d'huile En caressant ses jouets En écoutant ses machines En achetant sa paix Et en pensant être libre Et passent les hirondelles Perdues dans le firmament Qui vont et vont et viennent En attendant le beau temps Entre les prières Et le chant des garagistes Les parfums de civières Et les valets de service Princes et coqs à ciel Aux parades d'émeraude Bâfrent le banquet du soleil Et crachent les restes dans l'auge En attendant l'enfer Et les nains du paradis Les trompettes dernières Et les cavaliers de la nuit Le Christ et Lucifer Se font les bons apôtres Se partagent la Terre En s'échangeant les pauvres En remontant mon verre Comme une ruse de sans-abri Derrière l'horloge grand-père Qui grince dans la pharmacie Qui radote sa haine Et sa vieille berceuse Aux oreilles en peine Et aux épaves heureuses Sa connerie militaire Et ses bondieuseries Ses idoles et ses prêtres À l'autel de l'économie J'égraine ma mélodie Dans son engrenage Et moissonne la nuit En pelletant ses nuages