Un peu plus tard, un peu plus tôt Par l'avion ou par le métro Ou simplement en prenant tout son temps Les gens comme nous ne savent pas Ce qui fait avancer leurs pas Mais, on s'en va, on s'en va Pour Paris ou pour Tombouctou Pour chez elle ou pour n'importe où Quand on a le cœur à genoux La destination, on s'en fout On dit qu'on s'en fout, mais mon œil Chaque remariage est un deuil Les gens comme nous, ils sont tout seuls Seul, tout seul Pas plus que ceux Qui sont cocus, mais qui se taisent Pour ne pas couper en deux La table, l'armoire, les deux chaises Seul, tout seul Pas plus que certains Qui boivent pour oublier qu'ils boivent Et qui, quand ils sont à jeun Traitent les ivrognes d'épaves Seul, tout seul Pas plus que ceux Qui ont bâti les cathédrales Et qui, le ciel plein les yeux Meurent d'une indigestion d'étoiles Seul, tout seul Pas plus que le fils de l'homme Au pied du calvaire Qui sait que sa mort ne peut Que servir l'orgueil de son père Seul, tout seul Pas plus que ceux Qui pédégient d'un air très grave Puis qui vont dans d'autres lieux Se faire fouetter comme des esclaves Seul, tout seul Pas plus que celles Qui vont de névroses en névroses Qui d'hôpital en bordel Crèvent un soir d'une overdose Seul, tout seul Pas plus que moi Qui vis ma vie sous les lanternes Pour cacher qu'il y a en moi Un cœur gris comme une caserne Seul, tout seul Tout le monde est seul Tout seul, tout seul, tout seul