Le printemps vient d'éclore et le soleil levant Te brûle un peu les yeux au sortir du néant Le coton d'un nuage absorbe la rosée Qui perle sur la lèvre des fleurs ensommeillées Il pleut de la lumière et des poignées d'oiseaux Calligraphie le ciel donne à coups de pinceaux Il raconte le vent qui vient de les porter Et les branches des arbres ne pensent qu'à chanter Respire Respire à pleins poumons la vie qui se réveille Le sang Le sang du coquelicot, le pollen et l'abeille Respire Respire les couleurs partout éclaboussées Le bourgeon de ton cœur vient juste d'éclater L'été trop enflammé brûle tout ce qu'il touche Le feu de ses baisers assèche aussi la bouche La vie sous son zénith où l'ombre se dénude Et la mer à tes pieds qui murmure son prélude Quand noyée de chaleur l'image s'est floutée Que poisse la lenteur dans son éternité Plonge là dans les flots et goûte à la fraîcheur A sa peau de sirène qui poissonne ton cœur Regarde Regarde l'horizon tu peux le voir de loin Le soleil Le soleil s'y infuse du soir jusqu'au matin Regarde Regarde-le tremper son astre dans la forge Et emplis-toi le cœur de vie dont il regorge On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Il en laisse un petit peu partout On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Que l'on ramasse à marée basse Là le temps sur ta joue pose une pluie d'automne Au déclin du soleil le crépuscule frissonne L'azur est tout rouillé et les arbres sont rouges Sur leurs corps les serments sont gravés à la bouge Sur l'ocre du chemin Chopin souffle les feuilles Et novembre qui pleure semble porter le deuil Dans le jour, et si sombre qu'il figure une nuit Qui blanchit dans les bras de la mélancolie Écoute Écoute les feuilles d'automne et leurs bruits de papier C'est en tournant C'est en tournant les pages que le vent a froissé Les illusions Les illusions perdues qui gisaient sur le sol Écoute la langueur couler dans les rigoles On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Il en laisse un petit peu partout On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Que l'on ramasse à marée basse Le silence est glacé dans l'hiver qui se fige Un calme immaculé où nos creux vont, prodige Où des flocons trop lourds, bribes de firmament Écrasent leurs velours interminablement Le givre cristallise le sourire de la mort Il couvre les bras maigres et nus des sycomores La terre a disparu sous ses airs de banquise La bise qui la mord ne va pas lâcher prise Alors sens Sens le vol du gerfaut et puis ferme les yeux Envole-toi Envole-toi là-haut juste entre blanc et bleu Alors sens Sens l'hiver qui se meurt et l'enfant à venir Sens la faux qui t'effleure avant que de partir On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Il en laisse un petit peu partout On ne voit pas le temps qui passe Et quand il passe à travers nous Il en laisse un petit peu partout Que l'on ramasse à marée basse