Quand les océans Franchiront les landes Et que les volcans Brûleront décembre Quand même le ciel Ne tiendra plus debout Et qu'il tombera pêle-mêle En milliards de cailloux Quand auront fondu Les grands glaciers du Nord Il ne restera plus Ni frère, ni feu, ni réconfort Quand même les oiseaux Nous croiront devenus fous D'avoir noirci les eaux Blanchi les forêts d'acajou Quand on aura creusé Si profond la terre Et qu'on aura vidé La dernière bouteille d'espoir Quand auront fondu Jusqu'aux neiges éternelles Il ne restera plus Ni vent, ni vie, ni étincelle Quand on aura noirci Jusqu'au souffle du vent Qu'il soufflera sa suie Sur tous les continents Quand tout sera fini Plus même un soupçon de chance Pas même le goût d'un fruit Qui danse sur la langue Quand auront fondu Le dernier rêve et la romance Et qu'il ne restera plus Qu'un lourd manteau de cendre Malgré notre histoire Malgré qu'on ait vécu pour vrai Si on ne laisse que du noir Dans le noir, tout disparaît Les amitiés sincères Le silence du matin Aimer dans la lumière Les toiles de Séguin Le chant des oiseaux Le vent sur la peau Bercer son enfant La valse à mille temps Les couleurs de Matisse La musique de Mozart Le parfum des épices Le bonheur des départs Les Noëls en famille Les vacances à la mer Toutes les étoiles qui brillent Les poèmes de Baudelaire La voix d'un ami Les feuilles au printemps Les aurores dans la nuit Ce qui nous rend vivants