Le bleu nuit des terrains vagues, la ville déserte rouge sang Ne sont que simples mirages répétés sur grand écran Les gratte-ciel futuristes aux néons Technicolor N'ont pas leur place dans ce décor La lumière est terne et crue, le paysage sans mystère Comment ne pas être déçu devant ce spectacle austère? Moi qui rêvais d'incendies, d'un déluge lors d'une éclipse Comme elle triste, l'apocalypse! C'est pas du cinéma Elle s'invite ici-bas Les caméras éteintes Ignorent nos étreintes Y a pas de générique Pour les cadavres authentiques Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève Les sirènes des ambulances, la grisaille des hôpitaux Font une triste concurrence aux meilleurs films de science-fiction La chute est morne et sans attrait, dénuée de verve et de passion À croire que la mort elle-même a bâclé son scénario Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève C'est pas du cinéma Y a pas d'effets spéciaux Et nos chairs en lambeaux Feront le bonheur des asticots Ma peau devient poussière Comme mes globes oculaires Mes poumons se parcheminent À l'aide! On m'assassine! Mon cœur – horreur! - s'emballe Docteur! J'ai mal! La nuit des morts-vivants Manque tellement de mordant Nous rêvions de fer, d'acier, d'armures d'or et de panache Dressés dans le grand brasier, face à l'ennemi, bravaches Dans un super plan séquence, prêts à y mettre nos tripes Tout ça pour succomber, comme des cons, d'une grippe Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève Le film s'achève On ferme les yeux et On ferme les yeux et on crève